Histoire La première régate eut lieu le 22 août 1851. C'était un défi lancé par les Britanniques aux Américains autour de l'île de Wight à l'occasion de l'exposition universelle. Le vainqueur fut la goélette America, armée par le New York Yacht Club devant quatorze navires britanniques.
A l'arrivée du vainqueur, on aurait répondu à la reine Victoria demandant qui est le second : « Il n'y a pas de second, Majesté. »
La victoire des Américains prête pourtant à controverses. America a aussi manqué une marque du parcours qui n'était pas mentionnée clairement par les instructions de course, mais que tous les autres concurrents avaient virée. Les Américains argumentèrent sur le fait que les instructions de course n'étaient pas claires ; les Britanniques s'inclinèrent. De plus, il y avait bien un second : le petit voilier britannique Aurora, qui arriva 8 minutes après America. Les deux navires n'étaient pas du tout du même gabarit et si l'on avait appliqué la règle du handicap, Aurora aurait été déclaré vainqueur.
Les Américains reçoivent la coupe du vainqueur des mains du comte de Wilton. De retour aux États-Unis, les vainqueurs offrirent le trophée (une aiguière en argent massif) au New York Yacht Club afin de créer une compétition qui soit un duel amical entre clubs : si les duellistes ne se mettent pas d'accord, le club qui défend la coupe impose ses règles. La Coupe de l'America était née, elle ne débute qu'en 1870, après la guerre de Sécession. Elle est restée pendant 132 ans aux mains des Américains (jusqu'en 1983).
L'histoire de la compétition comprend plusieurs périodes : 1870-1920, jauges libres Le challenger défie le défenseur en indiquant la jauge de son bateau. Afin de gagner, on assiste à une course aux armements par les compétiteurs. Les défis sont lancés par les Britanniques et les Canadiens.
1876 : Les régates se courent en duel, un bateau défenseur contre un bateau challenger.
1930-1937, les « class J » La crise de 1929 est passée par là : une jauge (éléments permettant de définir les paramètres d'un bateau) est tacitement définie. Parmi ces « class J » figurent :
Shamrock V : le premier classe J, dernier défi de Sir Thomas Lipton ;
Enterprise : dessiné par Starling Burgess ;
Velsheda : dessiné par Charles Nicholson ;
Endeavour : auteur d'une des plus belles régates de la Coupe avec Rainbow ;
enfin, le mythique Ranger : dernier des classe J, invaincu en course, n'ayant été battu que par Endeavour à l'entrainement.
Cette classe, inspirée par les travaux de Nathanael Herreshoff sur la Jauge Universelle, vit l'abandon du gréement aurique à grand-voile et flêche pour un gréement bermudien. La jauge tenait compte des élancements et de la finesse de la coque, créant ainsi des bateaux très harmonieux.
1958-1987, les « 12M JI » Une nouvelle jauge est choisie afin de limiter encore les budgets. Ces trente années sont marquées par des évolutions du règlement vers celui que nous connaissons aujourd'hui :
1962 : chaque compétition est séparée par au moins trois années ;
1970 : des régates préliminaires sélectionnent le challenger ;
1983 : les Américains perdent la coupe au profit du bateau australien Australia II barré par John Bertrand ;
1987 : Les régates préliminaires prennent le nom de Coupe Louis Vuitton.
1988 Les Néo-Zélandais défient les Américains dans l'esprit des règles originelles. Ils construisent un immense monocoque qui perd une première fois contre le catamaran du défenseur. Mais au défi de 1995, l'équipage néo-zélandais remporte la coupe et récidive en 2000. Le bateau est barré par Peter Blake sur le plan d'eau d'Auckland.
Depuis 1992 Depuis 1992, une nouvelle jauge (les « class america »), est définie. Elle permet de construire des bateaux plus rapides, plus spectaculaires. En plus de contraintes de dimensions, cette jauge inclut des contraintes structurelles et de fabrication permettant de limiter le coût des bateaux en évitant d'y intégrer les dernières technologies.
2003 et 2007 : victoire du bateau suisse Alinghi. La coupe revient en Europe et, pour la quatrième édition consécutive, le trophée échappe aux Américains.
Palmarès
L'aiguière convoitéeAnnée Defender Challenger Score Site 1851 Aurora, Royaume-Uni America, États-Unis 0-1 Cowes, Île de Wight, Royaume-Uni
1870 Magic, États-Unis Cambria, Royaume-Uni 1-0 Newport, États-Unis
1871 Columbia, États-Unis Livonia, Royaume-Uni 4-1 Newport, États-Unis
1876 Madeline, États-Unis Countess of Dufferin, Canada 2-0 Newport, États-Unis
1881 Mischief, États-Unis Atalanta, Canada 4-1 Newport, États-Unis
1885 Puritan, États-Unis Genesta, Royaume-Uni 2-0 Newport, États-Unis
1886 Mayflower, États-Unis Galatea, Royaume-Uni 2-0 Newport, États-Unis
1887 Volunteer, États-Unis Thistle, Écosse 2-0 Newport, États-Unis
1893 Vigilant, États-Unis Valkyrie II, Royaume-Uni 3-0 Newport, États-Unis
1895 Defender, États-Unis Valkyrie III, Royaume-Uni 3-0 Newport, États-Unis
1899 Columbia, États-Unis Shamrock, Irlande 3-0 Newport, États-Unis
1901 Columbia, États-Unis Shamrock II, Irlande 3-0 Newport, États-Unis
1903 Reliance, États-Unis Shamrock III, Irlande 3-0 Newport, États-Unis
1920 Resolute, États-Unis Shamrock IV, Irlande 3-2 Newport, États-Unis
1930 Enterprise, États-Unis Shamrock V, Irlande 4-0 Newport, États-Unis
1934 Rainbow, États-Unis Endeavour, Royaume-Uni 4-2 Newport, États-Unis
1937 Ranger, États-Unis Endeavour II, Royaume-Uni 4-0 Newport, États-Unis
1958 Columbia, États-Unis Scepter, Royaume-Uni 3-1 Newport, États-Unis
1962 Weatherly, États-Unis Gretel, Australie 4-1 Newport, États-Unis
1964 Constellation, États-Unis Sovereign, Royaume-Uni 3-1 Newport, États-Unis
1967 Intrepid, États-Unis Dame Pattie, Australie 4-0 Newport, États-Unis
1970 Intrepid, États-Unis Gretel II, Australie 4-1 Newport, États-Unis
1974 Courageous, États-Unis Southern Cross, Australie 4-0 Newport, États-Unis
1977 Courageous, États-Unis Australia, Australie 4-0 Newport, États-Unis
1980 Freedom, États-Unis Australia, Australie 4-1 Newport, États-Unis
1983 Liberty, États-Unis Australia II, Australie 3-4 Newport, États-Unis
1987 Kookaburra III, Australie Stars and Stripes, États-Unis 0-4 Fremantle, Australie
1988 Stars and Stripes, États-Unis KZ1, Nouvelle-Zélande 2-0 San Diego, États-Unis
1992 America3, États-Unis Il Moro di Venezia, Italie 4-1 San Diego, États-Unis
1995 Young America, États-Unis Black Magic, Nouvelle-Zélande 0-5 San Diego, États-Unis
2000 Team New Zealand, Nouvelle-Zélande Luna Rossa, Italie 5-0 Auckland, Nouvelle-Zélande
2003 Team New Zealand, Nouvelle-Zélande Alinghi, Suisse 0-5 Auckland, Nouvelle-Zélande
2007 Alinghi, Suisse Team New Zealand, Nouvelle-Zélande 5-2 Valence, Espagne
2009 Valence, Espagne
Le règlement Ces éléments sont ceux de la coupe en 2003. Le défenseur imposant ses règles, elles évolueront pour la coupe de 2007 qui est organisée par Valence en Espagne car la Suisse, détenteur du trophée, n'a pas d'accès à la mer.
Les bateaux Depuis 1992, les bateaux sont de jauge « class america ». Une jauge est un ensemble de caractéristiques générales définissant une classe de bateaux mais assurant une homogénéité de performance entre ces bateaux. L'utilisation de bateaux de même jauge évite le calcul de rating (le handicap) et permet ainsi d'avoir une course où le premier arrivé est le gagnant. Les class america font environ 25 mètres de longueur et 4 mètres de tirant d'eau.
Déroulement de la compétition La compétition se déroule en 2 phases :
La sélection commence par des régates préliminaires du challenger et du défenseur :
Coupe Louis-Vuitton pour le challenger ;
Citizen Cup pour le défenseur (quand il y a plusieurs prétendants) ;
La Coupe de l'America.
La Coupe Louis-Vuitton (il n'y a pas eu de « Citizen Cup » en 2003) se déroule ainsi :
Une poule éliminatoire (les « rounds robins ») où chaque régate gagnée rapporte des points. Ce classement permet de sélectionner huit bateaux pour les quarts de finale en 2 poules, une avec les 4 premiers « double chance », une avec les 4 derniers « single chance » ;
Les quart de finale se déroulent au meilleur de 7 manches. Les deux premiers « double chance » sont qualifiés pour les demi-finales. Les deux derniers de ce groupe rencontrent en repêchage les deux premiers de « single chance ». Le vainqueur du quart de finale de repêchage disputera la demi-finale de repêchage ;
Les demi-finales se déroulent au meilleur de 7 manches. Le vainqueur est qualifié pour la finale. Le vaincu dispute la demi-finale de repêchage qualificative pour la finale ;
La finale se déroule au meilleur de neuf manches, le vainqueur est qualifié pour la Coupe de l'America.
L'organisation des éliminatoires devrait fortement évoluer pour la prochaine coupe.
La Coupe de l'America se déroule au meilleur de neuf manches, c'est-à-dire que le premier qui gagne cinq régates a gagné.
Les régates Toutes les régates se déroulent en duels (ou match racing) ce qui permet pour des bateaux aux performances similaires d'apprécier la qualité de l'équipage : ce n'est pas obligatoirement le bateau le plus rapide qui gagne. Ceci a aussi l'avantage de rendre plus simple le suivi d'une régate. Ceci ne devrait pas changer pour la prochaine coupe.
La régate est faite en tournant autour de deux bouées, la ligne de départ et d'arrivée étant perpendiculaires à l'axe de ces bouées. Ceci ne devrait pas changer pour la prochaine coupe sauf que la distance entre ces bouées sera fonction de la force du vent.
Évolutions du règlement Un Class AmericaAfin de rendre la coupe encore plus attrayante, des adaptations sont à l'étude :
Des compétitions devaient être organisées afin de préparer la Coupe de l'America ;
La durée de la compétition devrait être resserrée (3 mois entre la première régate préliminaire et la dernière régate de la Coupe de l'America) ;
Une régate devrait durer 1h30 (pour cela la distance entre les bouées sera dépendante de la force du vent) ;
La prochaine coupe devrait voir une évolution très nette vers une compétion entre clubs plutôt qu'entre nations, ainsi qu'une plus grande indépendance du comité d'organisation vis-à-vis du défenseur et donc une plus grande neutralité de celui-ci envers tous les concurrents.
Interdiction de changer d'employeur Les juristes de l'équipe suisse ont ajouté une nouvelle règle à effet rétroactif interdisant à tout marin ayant travaillé pendant six mois avec une équipe engagée dans la Coupe de changer d’employeur. Par le licenciement brutal de Russell Coutts par Ernesto Bertarelli, le patron du Team Alinghi, le plus grand régatier du monde était ainsi condamné à rester à terre en 2007.